La tour Usselskirch (XIe siècle)
Monument historique

   

 

 

La tour hexagonale romane de l’ancienne église de l’Usselskirch représente une énigme archéologique. Sa forme, sa hauteur, son arcature aveugle sont insolites et posent des problèmes pour l’heure sans solution.

L’étymologie même d’Usselskirch partage les historiens. Pour les uns, le nom, aujourd’hui altéré, signifiait église de Ussel ; pour les autres, ussels serait dérivé du mot gaulois uxellos signifiant élevé, lumineux. Selon cette dernière thèse, qui s’est transmise de génération en génération, la tour, qui domine le vallon, aurait été un repère le long de la voie romaine Metz-Trèves. D’ailleurs les villageois l’appellent depuis toujours "Réimertuerm", la tour romaine.

La voie romaine franchit effectivement le ban communal de Boust en ligne droite, du sud-ouest au nord-est, et l’agglomération se trouve à la jonction de cet axe avec une voie secondaire.
De nombreux vestiges gallo-romains ont été trouvés dans l’environnement de la tour. Une tête de statue de cette époque est même scellée dans son mur, à un angle, sous la corniche du toit.

La première mention officielle de ce monument date du XIe siècle. La tour constituait alors le clocher d’une église romane fondée par les moines bénédictins de l’abbaye Saint-Maximin de Trèves (gravure de Auguste MIGETTE).

Elle apparaît en 1023 sous l’appellation Lutzelen Kirche, puis Lutzelenkiricha en 1182, dans les déclarations de biens de l’abbaye.

A la fin du XVIIIe siècle, elle était le siège d’une grande paroisse qui regroupait les villages de Boust, Haute et Basse-Parthe, Breistroff, Boler, Evange et Roussy.

Menaçant ruine, l’église fut rasée en 1880 et un vaste bâtiment fut construit en lieu et place, dans le style néo-roman. Un nouveau clocher couronnait l’édifice, deux fois plus haut que l’ancienne tour qui resta accolée à l’ensemble en tant que tourillon d’angle.

Avec une nef pouvant contenir 600 places, la nouvelle église d’Usselskirch était fièrement appelée petite cathédrale. Un presbytère et une école complétaient l’ensemble.
Dans l’actuel cimetière de Boust, au pied de la tour, la partie engazonnée donne une faible idée des dimensions du bâtiment.

Puis vint la catastrophe. Au début de la seconde guerre mondiale, les habitants de Boust étaient évacués dans la Vienne.
L’édifice, dont le clocher servait d’observatoire vers la ligne Maginot située en contrebas, ne résista pas aux tirs d’artillerie de mai 1940.

L’église fut détruite, tout comme le presbytère et l’école attenants. Seule la tour resta debout. Sous l’occupation et le Wiederaufbau, la tendance n’était pas vraiment à la reconstruction des églises. Déjà classée monument historique depuis 1911, la tour put néanmoins être préservée. Tout le reste fut rasé.

Restaurée dans les années 70, elle intéresse toujours les amateurs de vieilles pierres... et une nouvelle église a été construite dans les années 60 à 700 m de l’Usselskirch.

 

 

Quatorze stations d’un chemin de croix datant du XVIIe siècle étaient réparties sur le pourtour de l’église, adossées au mur d'enceinte.
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Huit de ces chef-d’oeuvres de l’art populaire lorrain subsistent encore, superbement sculptés dans le calcaire. Ils sont disposés au pied de la tour, sur l’emplacement des fondations de la petite cathédrale.

 

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Photos Studio ROHMER - Thionville