Les habitants de nos deux étangs

L'étang est un endroit privilégié de la nature, car il est le point de rencontre de milieux différents. C'est un milieu fragile, sensible, qu'il faut respecter. L'homme se doit d'y être discret s'il veut assister au spectacle vivant, toujours renouvelé, du monde des étangs.

Vous y verrez tout un cortège de plantes aquatiques : roseaux, phragmites, calta des marais. Vous y observerez les oiseaux comme les fauvettes ou les hirondelles au ras de l'eau en quête d'insectes. Le géris, petit insecte qui ressemble à l'araignée, glisse à la surface de l'eau. Vous entendrez peut-être la poule d'eau cachée dans la rosière et les grenouilles qui coassent le soir. Au printemps ou à l'automne, quelques échassiers de passage s'y poseront.

Nous vous présentons ci-dessous quelques habitants de l'étang.

LA CARPE

Cyprinus carpia. Famille des Cyprinidés

La carpe a le corps complètement recouvert de grandes écailles implantées régulièrement. Le dos est brun foncé, les flancs sont cuivrés et le ventre jaune. Les nageoires et la queue sont d'un brun-roux foncé. Elle peut atteindre 1 m de longueur et peser jusqu'à 25 kg. CV'est un maximum, mais les sujet de 10 à 15 kg ne sont pas rares.

La carpe préfère les eaux tempérées. Elle vit dans les canaux, les fleuves et les rivières. Sa reproduction est difficile, car elle exige une eau à 22°, ce qu'elle ne trouve pas tous les ans. La femelle émet environ 150.000 œufs par kilo (une grosse carpe pond donc environ 1 million d'œufs).

Contrairement à la légende qui veut qu'une carpe devienne centenaire, son espérance de vie ne dépasse pas 30 ans).

La carpe est omnivore. Elle consomme du plancton, des insectes, des larves, des plantes aquatiques. Il lui arrive même de croquer ses propres alevins.

LA CARPE AMOUR

Ctenopharyngodon idella. Famille des Cyprinidés.

La carpe amour (ou amour blanc) est originaire du fleuve Amour en Chine. Elle a été introduite en France pour lutter contre les plantes aquatiques envahissantes. Son solide appétit offre une solution écologique à l'envahissement des plants d'eau par les végétaux.Pour cette raison, en cas de prise, le pêcheur aura à cœur DE LA REMETTRE à l'eau.

Le corps allongé, en forme de fuseau, de section circulaire est couvert de grandes écailles, de couleur gris à brun-vert sur le dos le ventre est blanc. Elle ressemble d'assez près au chevesne ou au mulet. Sa taille peut atteindre 1m30 pour 50 kg et elle peut vivre 30 ans.

Elle affectionne plutôt les eaux calmes (lacs, étangs, grandes rivières). Très tolérant vis à vis de la température de l'eau qui peut varier de 0° à 38°C, c'est un poisson majoritairement herbivore mais qui se nourrit également de détritus, d'insectes et d'autres invertébrés.Elle ne se reproduit pas naturellement dans nos régions.

LA TANCHE

Tinca tinca. Famille des Cyprinidés.

C'est un beau poisson dont le corps est recouvert de minuscules écailles solidement implantées dans une peau dure revêtue d'un épais mucus. Sa couleur est vert foncé avec des reflets cuivrés ; le ventre est jaune et les nageoires sont gris-noir. Elle peut atteindre une longueur de 60 cm et peser jusqu'à 5 kg.

La tanche fraie très tôt (300.000 à 800.000 œufs pondus) et elle a besoin d'eaux précocement chaudes (environ 18°), d'où un habitat en petits fonds stagnants.

C'est un poisson paresseux ; elle se plait à stationner là ou elle a décelé la nourriture abondante qu'elle aime et elle exploite l'endroit à fond. Cette nourriture, prise dans la vase, ne fait guère envie aux autre espèces. la tanche a un instinct grégaire et vit et se déplace donc en bancs.

LE GARDON

Gardonus rutilus. Famille des Cyprinidés.

Ce poisson blanc, brillant, complètement recouvert d'écailles, au dos verdâtre, a la forme d'un fuseau relativement épais. Ses nageoires inférieures sont rouge-orangé, l'iris de son œil est rouge.

Il aime les eaux tranquilles des rivières, des étangs ou des lacs bien pourvus en faune et flore. D'instinct grégaire, il vit en bandes et se nourrit de végétaux, de larves et de petits crustacés qu'il cueille à tous les niveaux des eaux qu'il fréquente.

La ponte a lieu en avril-mai, dans une eau qui doit atteindre 12 à 14°. Chaque ponte comporte environ 100.000 œufs.
Quinze jours après, les jeunes sujets nagent en bancs serrés et servent de casse-croûte aux autres espèces. Avec de la chance pourtant, le gardon peut atteindre 25 cm au bout de 6 ans.

LE ROTENGLE

Scardinius erythrophthalmus. Famille des Cyprinidés.

Il est souvent confondu avec le gardon. Son corps est pourtant plus large, plus plat : les écailles sont plus petites et les yeux plus gros. Les nageoires sont rouges et la dorsale est plus en arrière que chez le gardon et sa lèvre inférieure est proéminente.

Sa nourriture est la même que celle du gardon, mais il se tient plus en surface.

La ponte a lieu en avril-juin. L'hybridation entre gardon et rotengle est fréquente, ce qui rend l'identification des hybrides délicate. On peut les reconnaître à leurs lèvres qui ne sont ni proéminentes ni en retrait.

LA TRUITE ARC-EN-CIEL

Onchorhychus mykiss. Famille des Salmonidés.

Sa robe a une couleur caractéristique. Les flancs, gris argenté, sont constellés de petits points noirs qui s'observent également sur les nageoires. Une bande irisée rosâtre, plus ou moins visible, souligne la ligne latérale.

La truite arc-en-ciel peut atteindre, en des milieux favorables, une taille considérable : 80 cm pour un poids de 8 kg. Elle est d'origine américaine et sera rattachée à la famille des saumons plutôt qu'à la famille des truites européennes comme la fario. La truite arc-en-ciel est élevée en pisciculture et ne se reproduit pas naturellement en Europe.

La truite montre une étonnante capacité d'adaptation à de nombreux milieux, s'accomodant même d'un certain taux de pollution. Le facteur limitant étant le taux d'oxygène dissout dans l'eau, soit 7cm3 par litre, facilement atteint dans des eaux non agitées, quand la température dépasse 25°C.

Prédateur actif, carnassier vorace, elle sait profiter de toutes les sources de nourriture, dont la crème de gruyère par exemple... Elle se nourrit à tous les niveaux de l'étang, de l'insecte en surface aux petits poissons en passant par des mollusques.

LA PERCHE COMMUNE

Perca fluviatilis. Famille des Percidés.

La perche est reconnaissable à son corps trapu, massif. Les écailles portent de petites excroissances dentelées, ce qui lui confère un contact rugueux. Deux nageoires dorsales séparées par un court espace, la premiere est soutenue par des rayons épineux. Les autres nageoires sont souvent colorées d'un bel orange vif. Le dos de la perche est vert sombre à noir, les flancs sont verdâtres à jaune doré, orné de 5 à 7 zébrures verticales noires. Les couleurs sont vives en eau courante, plus terne en étang.

La perche s'accomode de tous milieux aquatiques d'altitude moyenne. Elle affectionne les ouvrages immergés près desquels elle s'embusque.
Carnassier opportuniste, la perche se nourrit de vers, de larves, de crustacés, de mollusques. L'adulte va centrer sa prédation sur les alevins de gardon, de chevesne et autre menu fretin. Sa voracité peut être exceptionnelle, ce qui lui vaut le surnom de "tigresse des eaux douces".
Le frai a lieu d'avril à juin, quand la température de l'eau atteint 12-14°. La prolificité est exceptionnelle puisqu'une femelle de 20 cm peut pondre jusqu'à 200.000 œufs.

LE BROCHET

Esox lucius. Famille des Esocidés.

La silhouette du brochet évoque le grand prédateur. Le long corps fuselé est terminé par une tête large et aplatie en bec de canard. Les mâchoires s'ouvrent pour découvrir un armement impressionnant : quelque 700 dents inclinées vers l'intérieur, qui servent à saisir et retenir les proies. Une série de trous est visible sur le dessus de la mâchoire supérieure ; reliés à la ligne latérale, ils jouent un rôle essentiel à la perception des vibrations. Une seule nageoire dorsale, à l'aplomb de l'anale. La caudale n'est pas adaptée à la nage prolongée, mais plutôt à des rushes fulgurants.
Sa coloration assure au brochet un parfait mimétisme dans les herbiers : le dos, vert sombre, contraste avec les flancs marbrés ou zébrés de jaune et le ventre blanc crème.

Le brochet peut atteindre, dans des conditions favorables, 1 m pour 10 kg. Sa préférence va au cours d'eau lents et propres, riches en végétation. La présence de cyprinidés conditionne sa répartition.

Le brochet souffre d'une réputation injustifiée de féroce prédateur. Pourtant, il ne consomme que l'équivalent de 4 à 8 fois son poids par an, sa digestion durant de 8 à 10 jours où il reste totalement apathique. Il se nourrit surtout de cyprinidés et exerce ainsi une essentielle fonction de régulateur des équilibres. A l'occasion, il croque des crustacés, des amphibiens ou des reptiles, voire des petits oiseaux... ou des gros.

Sa reproduction a lieu de février à fin avril, dans une eau à 10°. Chaque femelle pond environ 20 000 œufs par kilo.
Le brochet est un solitaire qui occupe un certain territoire.Tout congénère qui en franchit les limites est agressé. Le cannibalisme avéré permet une sélection de l'espèce par elle-même.

L'ABLETTE

Alburnus alburnus. Famille des Cyprinidés.

Encore appelés poisson d'argent ou vif-argent, l'ablète a un corps fin et élancé, recouvert de grandes écailles brillantes à reflets nacrés. La mâchoire inférieure, orientée vers le haut et qui déborde sur la supérieure, indique une adaptation à la quête alimentaire de surface. Une ligne sombre à reflets verdâtres parcourt les flancs au-dessus de la ligne latérale sombre. Le dos, brun-vert, contraste avec les flancs brillants. Toutes les nageoires sont grisâtres à incolore.

On peut rencontrer l'ablette à tous les niveaux de l'étang. Omnivore, elle se nourrit de divers invertébrés aquatiques ainsi que de débris végétaux. A la belle saison, elle monte en surface pour gober les insectes ailés à la dérive.

Le frai, printanier, se déroule en mai-juin, quand la température de l'eau atteint 14-15°. Chaque femelle pond 3000 à 5000 œufs.
Grégaire, l'ablette vit souvent en bancs.

LE GOUJON

Gobio gobio. Famille des cyprinidés.

Ce joli poisson présente un corps allongé et cylindrique. Sa bouche est située en partie inférieure, avec de petits barbillons à la commissure des lèvres. La nageoire caudale est échancrée. Les écailles sont bien visibles. Le dos est brun sombre à reflets verts, les flancs grisâtres, le ventre blanc. Des taches brunes marquent le dos et la ligne latérale.

Le goujon a des besoins en oxygène élevés. On le rencontre donc dans des zones à truite, aussi en lacs, étangs et rivières.
La forme de la bouche indique un mode de vie fouisseur. Le goujon se nourrit au fond de petites proies animales : vers, larves, crustacés...

La reproduction a lieu au printemps, d'avril à juin, en eau courante et à faible profondeur. Grégaire, le goujon vit en bancs parfois importants. Il semble qu'il connaisse des cycles biologiques de 5 ans au cours desquels on passe par une phase exponentielle d'apparition, puis, 5 ans plus tard, par une régression très nette.

LE SANDRE

Stizostedion lucioperca. Famille des Percidés.

La présence de deux nageoires dorsales très rapprochées, dont la première épineuse, désigne le sandre comme un Percidé. On le reconnaît à sa tête fine, effilée. La gueule, largement fendue, est armée de dents acérés, de taille inégale, parmi lesquelles de véritables canines. La ligne latérale, très fine, se prolonge jusqu'à la queue. La nageoire caudale, très puissante, est échancrée. Au moins trois bandes sombres descendent sur les flancs. La coloration du sandre est plus ou moins vive selon l'habitat. Il possède une remarquable faculté d'adaptation qui lui permet de coloniser les habitats les plus variés.

Jeune, il se nourrit de vers, mollusques et crustacés. A l'âge adulte, il devient exclusivement piscivore. Les Cyprinidés de 5 à 10 cm deviennent son menu. Les proies malades ou mortes prennent le dessus dès lors que l'individu atteint 4 à 5 kg.
La période de fraie se situe d'avril à mai dans une eau à 15°.

LA BREME

Abramis brama. Famille des cyprinidés.

Facilement reconnaissable à son corps ovoïde. Cette particularité lui vut l'appelation de "plateau". La bouche porte une mâchoire inférieure plus courte que la supérieure, oblique et légèrement tournée vers le haut. L'ensemble des nageoires est plutôt gris, avec une légère teinte rouge à l'attache. Le dos est gris à reflets bleus, le ventre est blanc.

La brème montre une prédilection pour les zones calmes à courant lent, les bras morts. On la trouve en étang, parmi les herbiers.

Elle senourrit en fouillant la vase à la recherche de vers, mollusques... Elle consomme aussi des alevins, ce qui peut la rendre indésirable.

Le frai a lieu en mai-juin, avec une eau à 12-15°C, ce qui donne lieu à des manifestations bruyantes parmi les herbiers. Chaque femelle pond environ 30 000 œufs par kilo de poids.
Grégaire, la brème se déplace en bancs. La nuit, elle monte en surface, le jour, elle évolue au ras du fond. C'est un poisson craintif.