La NOTSCHEUNE ou Grange-église

Après l’armistice de 1940, la Moselle est annexée au Reich allemand. L’administration allemande décide de reconstruire le village de Boust, détruit à 80% par les tirs d’artillerie de juin 1940. L’architecte Emil STEFFANN* est chargé de cette réalisation.

Il articule le village autour de deux places à aménager aux points les plus détruits. La première place est créée à l’Ouest de Boust, à l’endroit où l’antique voie romaine traverse le village (actuel croisement vers la Base de Loisirs).

La seconde place est créée au centre du village. Elle est dominée par une imposante Notscheune ou grange commune.

Ce bâtiment servit effectivement de grange commune à plusieurs agriculteurs sinistrés. Le choix de l’endroit n’est pas innocent car, en ce lieu, se trouvaient la vieille école communale, la chapelle Saint-Antoine, tous deux détruits. La tradition orale y place même un vieux cimetière.

Dans un mur de clôture de la place, STEFFANN fait percer des portes qui donnent accès à des potagers privés, ce qui donne à l’ensemble un certain cachet. Avec le petit bâtiment qui servait à collecter le lait (actuelle distillerie), l’architecte voyait en cette place le centre de la vie locale des boustois.
Il est à noter que l’architecte a utilisé largement pour ses constructions les gravats et déblais disponibles.

Autre fait remarquable : en construisant cette grange, il est évident que STEFFANN avait une idée de l’utilisation future du bâtiment. Pour preuve, une clé de voûte sculptée représentant l’Agnus avec son étendard et provenant de l’ancienne chapelle Saint-Antoine a été scellée dans le pignon de la grange et dissimulée sous le crépi. Elle était redevenue visible du fait de la dégradation de l’enduit.
La grange-église devait devenir église en des temps meilleurs. Rappelons que la belle église de l’Usselskirch avait été détruite lors des combats de 1940.

Après la guerre, et comme d’autres bâtiments, la grange fut mise sous séquestre et attribuée à un particulier au titre de dommage de guerre, la commune devenant propriétaire de la petite «sacristie» attenante.
La grange-église servit alors comme bâtiment agricole. Une partie en fut démolie au profit d’une maison d’habitation.

Puis se posa le problème d’une nouvelle église paroissiale. Différentes causes et de longs débats amenèrent la décision d’abandonner le site de l’Usselskirch au profit d’un autre lieu et la construction de Saint-Maximin fut décidée.
G.H. PINGUSSON, architecte-urbaniste de la commune, n’a pas suivi son prédécesseur.

Menaçant ruine, la grange-église a été démolie en ce début de siècle et seuls une partie du porche, la «sacristie» et le local de collecte de lait subsistent. Vous pourrez les apercevoir sur la place au droit du ralentisseur près de la mairie.

* Lien en allemand

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